Qu’est-ce que l’isolement social ? Quels enjeux ?
Voilà la définition de l’isolement social proposée par le Conseil Economique, Social et Environnemental dans son avis Combattre l’isolement social pour plus de cohésion et de fraternité.
« L’isolement social est la situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger. Les relations d’une qualité insuffisante sont celles qui produisent un déni de reconnaissance, un déficit de sécurité et une participation empêchée. Le risque de cette situation tient au fait que l’isolement prive de certaines ressources impératives pour se constituer en tant que personne et accéder aux soins élémentaires et à la vie sociale. »
L’isolement : un enjeu de santé publique
Nous traversons une crise généralisée du lien. Cette crise est la mère de toutes les crises. L’absence de liens de qualité sur notre planète interconnectée est un problème majeur.
Dans le contexte post-COVID, la solitude est considérée comme un véritable enjeu de santé publique. Le développement d’enquêtes épidémiologiques de grande échelle a mis au jour les effets sociaux de la solitude sur le mal-être des individus. Tant en termes de santé physique que mentale. Elles montrent que souffrir de solitude augmente le risque de décès prématuré de 30 %. Les ravages de la solitude sont comparables à fumer 15 cigarettes par jour. Ils dépassent même les méfaits de l’obésité et de la consommation régulière d’alcool ! Ces statistiques nous alertent sur l’urgence d’agir.
Social Relationships and Mortality Risk: A Meta-analytic Review Julianne Holt-Lunstad
L’OMS crée une Commission mondiale pour favoriser le lien social
N’importe qui, n’importe où, peut être seul ou isolé socialement. À tous les âges et dans toutes les régions, la solitude et l’isolement social ont de graves répercussions sur notre santé physique et mentale. Ils entraînent aussi des conséquences sur le bien-être de nos communautés et de la société. La Commission OMS sur les liens sociaux (2024-2026) vise à faire reconnaître cette question et à en faire une priorité mondiale de santé publique. La Commission va proposer un programme mondial sur les liens sociaux, en travaillant avec des commissaires de haut niveau pour :
- plaider en faveur de l’action,
- mobiliser le soutien pour mettre à l’échelle des solutions éprouvées et mesurer les progrès.
Comment mesurer l’isolement social ?
L’isolement social ou relationnel se mesure au regard des contacts, de leur qualité, de leur densité et de leur périodicité.
En 2014, La Fondation de France sur Les Solitudes en France a créé un baromètre pour chiffrer la part de la population en situation d’isolement relationnel. Ce baromètre est fondé sur 5 cercles sociaux. Les personnes sont isolées, si elles n’ont pas ou peu de relations au sein de ces cinq réseaux sociaux :
- familial,
- professionnel,
- amical,
- affinitaire
- territorial.
Qui souffre d’isolement social ?
En 2024, 2 millions de personnes âgées souffrent en France de la solitude subie, selon les Petits Frères des Pauvres.
L’isolement social existe bien à tous les âges de la vie. Il augmente et devient massif pour les plus âgés. Une personne âgée sur 4 est isolée. Cela représente 24% de personnes en 2014, contre 16% en 2010.
« 530 000 personnes âgées souffrent de « mort sociale ». C’est-à-dire sans aucune interaction familiale, amicale, professionnelle, de voisinage ou associative. »
Les Petits Frères des Pauvres
L’isolement social crée un risque important de perte d’autonomie. Il est devenu un nouveau risque social, un enjeu de santé publique et de cohésion sociale.
Les processus d’isolement social touchent surtout les plus faibles. Il existe ainsi une corrélation entre isolement social et précarité, mais aussi entre isolement social et situation de handicap. Notre tissu social s’appauvrit. La perte de mobilité et souvent une situation précaire assignent ces personnes dans leur quartier, leur rue, leur palier, voire leur appartement !
En vieillissant, les occasions de perdre des relations se multiplient et celles d’en construire d’autres sont moins nombreuses. La période de 79 à 83 ans, correspond souvent à l’entrée dans la dépendance. Elle peut coïncider de façon aigüe avec la problématique de l’isolement social.
Il peut résulter d’une intégration difficile ou d’un processus de désinsertion sociale. Avec l’avancée en âge, l‘isolement fait suite à des ruptures. C’est le cas, si l’on dispose de relations dans un réseau unique.
La solitude est l’état d’isolement social ou relationnel dans lequel se trouve une personne. Lorsqu’elle est choisie, chacun l’apprécie et l’interrompt quand il le désire. Lorsque la solitude s’impose, elle devient une souffrance, une perte, un risque à prendre au sérieux.
Quelles sont les conséquences de l’isolement social ?
L’isolement social entraîne une perte d’identité et d’égalité dans la société. Celui qui reste seul se sent banni. Il doit se battre contre l’a priori social. Il a le sentiment de mériter cette mise à l’écart. Une personne subissant une solitude non choisie et, dont elle ne sait comment sortir, perd progressivement ses forces intérieures. On observe des phénomènes de repli, de dépréciation de soi, jusqu’à la perte de l’espoir de compter encore un jour pour quelqu’un. Cette perte de l’estime de soi entraîne dépression et désespérance. Si la situation dure, elle peut devenir dramatique. Les capacités de renouer des liens diminuent, la peur, la honte peuvent entraîner la personne dans une logique de retrait. Cela rend le retour à une dynamique d’inclusion sociale de plus en plus difficile.
Une personne isolée ne bénéficie pas du minimum de relations sociales nécessaires pour vivre en égalité dans notre société. L’isolement social accélère les pertes d’autonomie, notamment chez les plus âgés. Il augmente les dysfonctionnements des prises en charge. Plusieurs études l’ont démontré. Cet isolement est la cause de nombreux non-recours aux soins ou entrainent des aides inadaptées.
Dans les situations de solitude extrême, on parle de « mort sociale ». Cela arrive lorsqu’il n’y a plus aucun lien avec la famille, les amis, les contacts professionnels, le voisinage ou des associations. L’association des Petits Frère des Pauvres décomptent 530 000 personnes âgées sans ou quasiment sans contacts avec ces cercles de sociabilité.
N’hésitez plus, aidez-nous à changer ces chiffres accablants !